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vains réputés sérieux, car le simple bon sens suffit pour en dé­montrer l'absurdité.
Le règne de Charles Ier marque l'apogée du développement de l'atelier de Mortlàke. C'est alors que furent exécutées, comme l'in­diquent les inscriptions placées au bas des tapisseries, ces mer­veilleuses copies des Actes cles apôtres, une des gloires de notre mobilier national, apportées en France par Jacques II, s'il faut en croire une tradition qui remonte au xviii0 siècle, lorsque la maison d'Orange remplaça sur le trône d'Angleterre le dernier des Stuarts.
A la même période appartient l'Histoire de Vulcain, copiée, comme les Actes cles apôtres, sur des cartons italiens qui auraient été plus propres peut-être à servir de modèle à des peintures murales qu'à des étoffes .tissées. Cest d'ailleurs, comme nous l'avons remar­qué, le côté faible de toutes ces compositions italiennes, même de la meilleure époque. Sir Francis Crane mit encore sur le métier une Histoire cie Hero et Léandre, une Histoire cie Dieme ct dc Calisto, les Quatre saisons, les Douze mois de l'année et les Cinq Sens, qui passèrent de Ia collection de Charles Ier dans celle de Mazarin. L'habile directeur, étant venu à Paris pour se faire opérer de la pierre, mourut dans cette ville, le 26 juin 1636, des suites de l'opération. L'atelier de Mortlàke comptait alors cent quarante ouvriers environ, y compris les femmes et les enfants.
Le roi continua sa protection et ses subsides aux tapissiers, moyennant l'engagement pris par eux de fabriquer six cents aunes de tapisserie par an, et en outre d'instruire à leurs frais les en­fants trouvés; mais celui qui avait été comme l'âme de la manu­facture ayant disparu, elle ne fit que végéter; c'est à son obscurité même qu'elle dut de pouvoir traverser, sans disparaître complète­ment, la période néfaste de la guerre civile.
Lors de la restauration des Stuarts, sir Sackville Crow appela l'attention de Charles II sur l'état de l'établissement jadis si flo­rissant, et obtint, en 1662, la direction de l'entreprise avec une subvention annuelle de 6,000 livres. Cette situation 'se prolongea jusqu'en 1667; à cette date, quelques grands seigneurs, et à leur tête le comte de Craven, se chargèrent de l'exploitation de l'ate­lier, de nouveau fort compromis. On ignore l'époque exacte ,à laquelle prit fin cette lente agonie. Il est probable que la révo­lution de 1688 porta le dernier coup à l'existence chancelante de